Nunc est bibendum est une association culturelle sans but lucratif dédiée à l'évocation de l'Antiquité par les arts de la table.
Evénement(s) de l’association à venir
juin
202514juin19:0022:00Repas romain au Musée de Lausanne-Vidy
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Le 14 juin, Nunc est bibendum sera présent au Musée romain de Lausanne-Vidy pour y proposer un repas complet. Seront au
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Le 14 juin, Nunc est bibendum sera présent au Musée romain de Lausanne-Vidy pour y proposer un repas complet. Seront au menu six plats que dégustaient les Romains, dont les recettes nous sont parvenues grâce à Apicius et son De re coquinaria.
Ce n’est pas tout. Le service de chaque plat sera complété de précisions archéo-historiques sur les us et coutumes culinaires des Romains.
💰 CHF 30.– / pers.
👥 Tout public
Les réservations se font sur le site du Musée.
Dates
Juin 14, 2025 19:00 - 22:00
Les nouveautés du site
Exposition(s) ou festival(s) en vedette
juin

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Venez découvrir Saisons romaines, la nouvelle exposition temporaire du musée, organisée en partenariat avec le
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Venez découvrir Saisons romaines, la nouvelle exposition temporaire du musée, organisée en partenariat avec le musée d’Archéologie nationale – Domaine national de Saint-Germain-en-Laye.
La mosaïque des Saisons
Datée du IIIe siècle, la mosaïque dite des Saisons, représente des activités agricoles ou des rituels regroupés autour de
personnifications des quatre saisons.
Découverte sur le site archéologique de Saint-Romain-en-Gal en octobre 1890, elle a été acquise par le musée du Louvre en 1892.
Conservée au musée d’Archéologie nationale depuis 1935, elle a fait l’objet d’une importante restauration par l’atelier de restauration
de mosaïques et d’enduits peints du musée de Saint-Romain-en-Gal en 2022 et en 2023.
La mosaïque des Saisons est présentée pour la première fois sur son lieu de découverte.
Dates
Juin 21, 2024 - décembre 31, 2026 (Toute la journée)
Les prochaines fêtes du calendrier romain
juin
202507juinToute la journée15Repeating EventVestalia
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Ante diem septimum idus Iunias - Ante diem septimum decimum kalendas Iulias Rare représentation de Vesta sous
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Ante diem septimum idus Iunias – Ante diem septimum decimum kalendas Iulias

EN BREF. Chaque année du 7 au 15 juin, les Vestalia transformaient Rome: rituels mystérieux dans le temple secret de Vesta, matrones en pèlerinage pieds nus, et surprenante fête populaire des boulangers couronnant leurs ânes de fleurs! Cette célébration du feu sacré incarnait la croyance romaine fondamentale: tant que brûlait sa flamme, Rome était éternelle.
Les Vestalia: la fête du feu sacré de Rome
Chaque année, du 7 au 15 juin, la Rome antique célébrait les Vestalia, l’une de ses fêtes religieuses les plus importantes. Cette célébration en l’honneur de Vesta, déesse du foyer et gardienne du feu sacré de la cité, mêlait rituels secrets, processions publiques et… fête des boulangers. Une combinaison qui révèle la capacité de la religion romaine à unir le sacré et le quotidien.
Une déesse sans visage au cœur de l’État romain
Vesta occupait une place unique dans le panthéon romain. Fille de Saturne et d’Ops, sœur de Jupiter, elle incarnait la flamme pure et éternelle. «Quant à toi, comprends bien que Vesta n’est autre qu’une flamme vive, et qu’on ne voit aucun corps naître de la flamme», explique le poète Ovide dans ses Fastes. Contrairement aux autres divinités, elle n’avait pas de statue dans son temple: seul un feu perpétuel la représentait.
Cette particularité s’explique par l’ancienneté de son culte. Vesta appartenait aux traditions religieuses les plus archaïques des peuples latins, bien avant la fondation de Rome. Son temple rond, unique dans l’architecture religieuse romaine, reproduisait la forme des huttes primitives et symbolisait la Terre elle-même. «C’est que Vesta est comme la terre: toutes deux ont en elles un feu perpétuel», précise Ovide.
Six prêtresses pour un feu éternel
Le culte de Vesta était confié aux Vestales, six prêtresses choisies dans l’enfance. Initialement recrutées parmi les familles patriciennes, cette fonction s’ouvrit progressivement aux plébéiennes puis aux filles d’affranchis. Elles devaient respecter une chasteté absolue pendant trente ans de service: dix ans d’apprentissage, dix ans d’exercice et dix ans d’enseignement. Leur principale mission consistait à entretenir le feu sacré qui ne devait jamais s’éteindre, sous peine de catastrophe pour Rome.
La tradition attribuait au roi Numa, deuxième roi de Rome, l’organisation de ce sacerdoce féminin vers 700 avant notre ère. «Ce fut l’œuvre du roi pacifique, l’esprit le plus respectueux de la divinité qu’eût jamais porté la terre sabine», écrit Ovide dans ses Fastes. Les Vestales vivaient dans une maison spéciale près du temple, appelée l’Atrium Vestae, et jouissaient de privilèges exceptionnels: elles pouvaient posséder des biens, témoigner en justice et circuler librement dans Rome.
La violation du vœu de chasteté entraînait une punition terrible: la coupable était enterrée vivante dans un caveau souterrain avec une lampe et un peu de nourriture. Ainsi périt celle qui manque à la chasteté: on l’ensevelit dans ce qu’elle a profané, note sobrement Ovide.
Le 7 juin: l’ouverture du temple secret
Les Vestalia commençaient le 7 juin par un événement exceptionnel: l’ouverture du penus Vestae, le sanctuaire secret de la déesse. Ce «garde-manger sacré» contenait les objets les plus précieux de Rome, notamment le Palladium, cette statue de Minerve réputée tombée du ciel à Troie et garante de la souveraineté romaine.
D’ordinaire, ce lieu saint était interdit à tous, y compris aux hommes. Seules les Vestales et, dans certaines circonstances, le grand pontife pouvaient y pénétrer. Mais pendant les Vestalia, comme l’explique Ovide, les matrones se rendaient en pèlerinage à l’Aedes Vestae, qui, autrement, n’était jamais ouvert.
Ces femmes mariées de la haute société devaient observer des règles strictes: elles entraient pieds nus et cheveux dénoués, en souvenir des temps anciens où le temple de Vesta était encore entouré de marais. Cette prescription conservait la mémoire de l’époque où tout le quartier du Forum était régulièrement inondé.
Le 9 juin: entre solennité religieuse et fête populaire
Le point culminant des Vestalia avait lieu le 9 juin, jour de fête publique officielle. Les Vestales accomplissaient alors leur tâche la plus délicate: la préparation de la mola salsa, une farine sacrée mélangée à du sel utilisée dans tous les sacrifices romains.
Cette préparation exigeait un rituel minutieux entièrement accompli par les prêtresses. Elles devaient cueillir elles-mêmes les épis d’épeautre dans un champ spécial, les moudre avec des meules dédiées, pétrir la pâte avec de l’eau sacrée et cuire les galettes dans un four spécialement conçu. Les archéologues ont d’ailleurs retrouvé ce moulin et ce four dans les ruines de la Maison des Vestales au Forum romain.
Mais le 9 juin était aussi devenu, à partir du 2e siècle avsnt notre ère, une joyeuse fête des artisans. Voici le pain suspendu au cou des ânons couronnés et les guirlandes de fleurs recouvrant les meules rugueuses, décrit Ovide. Les meuniers et boulangers chômaient ce jour-là, ornaient leurs outils de travail et menaient des cortèges d’ânes couronnés de violettes dans les rues de Rome.
Cette association entre Vesta et les métiers de la boulangerie n’avait rien d’artificiel. Elle s’expliquait par le rôle des Vestales dans la préparation de la mola salsa et par l’importance du foyer domestique dans la fabrication du pain familial, avant l’apparition des boulangers professionnels.
Du pain contre les Gaulois: la légende de Jupiter Pistor
Ovide rapporte une légende qui explique pourquoi Jupiter était aussi honoré pendant les Vestalia sous le nom de Pistor (le Boulanger). En 390 avant notre ère, lors du siège du Capitole par les Gaulois, les Romains assiégés souffraient de la famine. Jupiter leur inspire alors une ruse: «Levez-vous et du haut de la citadelle, jetez au milieu des ennemis le bien que vous souhaiteriez le moins leur envoyer!».
Les Romains comprennent qu’il s’agit du blé et «jettent les dons de Cérès, qui, en tombant, résonnent sur les casques et les longs boucliers». Croyant leurs ennemis pourvus en vivres, les Gaulois lèvent le siège. «Une fois l’ennemi repoussé, les Romains élèvent un autel tout blanc à Jupiter Pistor», conclut le poète.
Si cette anecdote relève probablement de la légende, elle témoigne de l’importance symbolique du pain dans la mentalité romaine et de son lien avec la protection divine.
Le 15 juin: purification et fermeture
Les Vestalia s’achevaient le 15 juin par une cérémonie de purification appelée stercoratio. Le temple était soigneusement nettoyé par les Vestales, et les «immondices sacrées» évacuées selon un rituel précis: elles étaient transportées par la voie du Clivus Capitolinus jusqu’à la Porte Stercoraire, puis jetées dans le Tibre. Cette opération était consignée dans les calendriers officiels par la formule Quando Stercus Delatum Fas («Une fois les immondices enlevées, le jour devient faste»).
L’historien Georges Dumézil explique que ce terme d’«immondices» ne peut référer qu’à des «excréments animaux», vestige fossilisé du temps où une société pastorale devait nettoyer le siège de son feu sacré. Cette interprétation souligne l’extraordinaire ancienneté du culte de Vesta, remontant aux origines mêmes de la civilisation latine.
Les Vestalia ne se limitaient pas à Rome
Le culte de Vesta n’était pas une spécificité romaine. D’autres cités du Latium célébraient leurs propres Vestalia, chacune avec ses vestales. Bovillae conservait les traditions des vestales d’Albe-la-Longue, tandis que Lavinium entretenait l’ordre des Laurentes Lavinates. Tibur (actuelle Tivoli) possédait également ses prêtresses, et un magnifique temple de Vesta y subsiste encore aujourd’hui. Cette diffusion révèle l’ancienneté et l’importance du culte dans le monde latin, bien antérieur à la fondation de Rome.
Un culte millénaire au cœur de l’identité romaine
Cette fête née dans les temps préhistoriques du Latium sut s’adapter aux transformations de la société tout en conservant sa fonction essentielle: garantir la continuité de Rome par la protection du feu sacré.
L’importance de ce culte se mesure à sa longévité extraordinaire. Malgré l’émergence du christianisme, les Vestalia demeurèrent l’une des dernières fêtes païennes pratiquées à Rome. Il fallut attendre l’an 391 de notre ère et l’interdiction formelle de l’empereur Théodose 1er pour voir s’éteindre définitivement le feu de Vesta, après plus de mille ans d’entretien continu.
Les Vestalia illustrent parfaitement l’art romain de faire évoluer les traditions sans les dénaturer. Pour les Romains, Vesta n’était pas seulement une divinité parmi d’autres: elle incarnait la permanence de leur cité, le lien entre les générations et la protection divine qui assurait la grandeur de leur empire. Tant que brûlait sa flamme, Rome était éternelle.
Sources antiques
- Ovide, Fastes, livre VI, vers 249-468.
- Plutarque, Vie de Numa, 9-10.
- Tite-Live, Histoire romaine, I, 20.
- Denys d’Halicarnasse, Antiquités romaines, II, 66-67.
- Aulu-Gelle, Nuits attiques, I, 12.
- Pline l’Ancien, Histoire naturelle, XVIII, 7.
Études modernes citées
- Dumézil, Georges, La Religion romaine archaïque, Paris, Payot & Rivages, 2000.
- Heymann, Marcelle, « La Vestale au nom oublié », Études, t. 297, 1958, p. 186.
Dates
Juin 7, 2025 - juin 15, 2025 (Toute la journée)
202511juinToute la journéeRepeating EventMatralia
Description
Ante diem tertium idus Iunias EN BREF. Dans la Rome antique, une
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Ante diem tertium idus Iunias

EN BREF. Dans la Rome antique, une fête féminine aux rites déroutants se déroulait le 11 juin: les Matralia. Les mères priaient pour leurs neveux mais jamais pour leurs propres enfants, battaient une esclave avant de la chasser du temple et offraient des galettes à Mater Matuta, déesse de l’aurore. Seules les femmes mariées une fois y participaient.
Les Matralia: rites féminins et mystères de l’aurore dans la Rome antique
Chaque 11 juin, dans la Rome antique, les matrones se rassemblaient au Forum Boarium pour célébrer les Matralia, une fête religieuse exclusivement féminine dédiée à Mater Matuta. Cette cérémonie, aux rites complexes et parfois déroutants, révèle les aspects les plus anciens de la religion romaine et le rôle central des femmes dans la perpétuation de la communauté.
Une déesse aux multiples visages
Mater Matuta était une divinité d’origine italique, antérieure à la fondation de Rome. Son nom associe deux dimensions essentielles: «Mater» évoque la maternité, tandis que «Matuta» se rattache à l’aurore. Cette fonction auroriale est confirmée par Lucrèce, qui évoque Matuta dans ses vers sur les phénomènes célestes: selon les sources italiennes, le poète décrit comment «à une heure déterminée Matuta répand par les régions de l’éther l’aurore rosée et libère la lumière» (De Rerum Natura, V, 656).
Selon l’érudit Verrius Flaccus cité par Festus, la déesse était aussi appelée Mater Matuta pour sa bonté (Mater Matuta ob bonitatem antiqui appellabant). Les sources rapportent plusieurs épithètes liés à ses fonctions maternelles et aurorales.
Les Romains identifièrent progressivement Mater Matuta à la déesse grecque Ino-Leucothée. Cicéron confirme cette assimilation (De Natura Deorum, III, 48), et Ovide développe longuement le mythe grec pour expliquer les rites romains.
Le temple du Forum Boarium
Selon la tradition rapportée par Tite-Live (V, 19, 6), le roi Servius Tullius fit édifier le temple de Mater Matuta au Forum Boarium, près de la porte Carmentalis, au 6e siècle avant notre ère. Détruit en 506 avant notre ère, il fut reconstruit par Marcus Furius Camillus en 396 avant notre ère, comme le raconte Plutarque (Vie de Camille, 5).
Un incendie ravagea le sanctuaire en 213 avant notre ère, mais il fut immédiatement reconstruit l’année suivante avec le temple voisin de Fortuna (Tite-Live, XXV, 7, 6). En 196 avant notre ère, deux arcs furent ajoutés devant les deux temples.
Les fouilles archéologiques ont révélé l’ancienneté du site avec des terres cuites architecturales remontant au 6e siècle avant notre ère. Le temple était situé à côté de celui de Fortuna, formant ce que les archéologues appellent les «temples jumeaux du Forum Boarium».
Les rites des Matralia: entre dévotion et exclusion
La fête était strictement réservée aux femmes libres et plus précisément aux univirae, c’est-à-dire aux femmes mariées une seule fois, comme le précise Tertullien (De Monogamia, XVII, 3). Ovide s’adresse directement à elles: «Allez, bonnes mères (les Matralia sont votre festival), et offrez à la déesse thébaine les gâteaux jaunes qui lui sont dus» (Fastes, VI, 475-476).
Les participantes se rendaient au temple pour accomplir plusieurs gestes rituels. Elles couronnaient de guirlandes la statue de Mater Matuta et lui offraient des galettes spécialement préparées. Ovide mentionne l’offrande de «galettes jaunes» et évoque dans son récit mythologique les galettes préparées par Carmenta (Fastes, VI, 531-532).
Le mystère des neveux et nièces
L’aspect le plus singulier des Matralia concernait les prières adressées à la déesse. Contrairement à ce qu’on pourrait attendre, les mères ne priaient pas pour leurs propres enfants, mais pour ceux de leurs sœurs. Plutarque s’interroge sur cette coutume dans ses Questions romaines (17): «Pourquoi les femmes implorent-elles cette déesse non pour leurs enfants mais pour ceux de leurs sœurs?»
Cette pratique énigmatique interpellait déjà les Anciens. Ovide pose la question fondamentale qui structure tout son développement: «Qui est cette déesse? Pourquoi écarte-t-elle ses servantes du seuil du temple – car elle les écarte – et pourquoi exige-t-elle des gâteaux grillés?» (Fastes, VI, 479-482). Pour lui, cette déesse «personnellement elle paraît avoir été une mère peu heureuse. Vous lui confierez plus sagement les rejetons d’une autre mère: elle fut plus utile à Bacchus qu’à ses propres enfants» (Fastes, VI, 561-562). Ino avait en effet élevé son neveu Dionysos après la mort de sa sœur Sémélé, mais ses propres fils avaient connu un sort tragique.
L’expulsion rituelle de l’esclave
Un autre rite marquait la cérémonie: l’introduction puis l’expulsion violente d’une esclave. Plutarque décrit cette pratique (Vie de Camille, 5, 2) et Ovide l’évoque également (Fastes, VI, 551). Une femme esclave était exceptionnellement introduite dans le temple, normalement interdit aux personnes de condition servile, puis chassée par les matrones qui la frappaient.
Ovide tente d’expliquer cette pratique par une légende impliquant une servante qui aurait trompé Ino (Fastes, VI, 551-558), concluant que «voilà pourquoi la classe des servantes est l’objet de sa haine».
Une fête dans le calendrier romain
Les Matralia se déroulaient le 11 juin, en pleine période des célébrations dédiées à Vesta (du 9 au 15 juin). Cette date n’était pas anodine: le mois de juin était placé sous la protection de Junon selon Ovide, et plusieurs fêtes à caractère féminin s’y concentraient.
La proximité avec le solstice d’été donnait une dimension cosmique à la célébration. Dix jours avant que les jours n’atteignent leur durée maximale, les femmes romaines célébraient la déesse de l’aurore.
Le temple voisin de Fortuna
À côté du sanctuaire de Mater Matuta se dressait le temple de Fortuna, également attribué à Servius Tullius. Ce temple abritait une statue mystérieuse, entièrement voilée de toges, qu’il était interdit de découvrir. Ovide évoque cette interdiction et l’avertissement de la déesse (Fastes, VI, 619-620).
Les sources antiques divergent sur l’identité de cette statue: représentait-elle le roi Servius Tullius, la déesse Fortuna elle-même, ou Pudicitia selon Festus? Cette incertitude révèle probablement l’ancienneté de cette image, décrite par Denys d’Halicarnasse comme un objet de bois de facture archaïque (IV, 40, 7).
L’évolution du culte
Au fil des siècles, le culte de Mater Matuta évolua. L’assimilation avec Ino-Leucothée s’accompagna d’une extension de ses attributions: déesse terrestre de l’aurore et de la maternité, elle devint aussi une divinité marine protectrice des ports.
Son «fils» Mélicerte-Palémon fut identifié au dieu romain Portunus, protecteur des ports. Ovide évoque cette transformation dans son récit où la prophétesse annonce à Ino et Mélicerte leur nouveau statut divin et leurs nouveaux noms (Fastes, VI, 543-547).
Les témoignages archéologiques
Au-delà de Rome, le culte de Mater Matuta était répandu dans toute l’Italie centrale. À Satricum, Tite-Live mentionne son temple (V, 19, 6), et les fouilles ont révélé de nombreux objets votifs. À Capoue, le site de Fondo Patturelli a livré des statues votives témoignant de la popularité de la déesse en Campanie.
Ces découvertes confirment que Mater Matuta était vénérée par les hommes comme par les femmes, contrairement aux Matralia romaines qui excluaient la gent masculine.
Les liens avec d’autres divinités
Mater Matuta partageait plusieurs caractéristiques avec d’autres déesses méditerranéennes. Sa proximité avec Fortuna dans le culte romain s’explique par leurs domaines d’action complémentaires et la contiguïté de leurs temples au Forum Boarium.
Les sources rapportent aussi son association avec la Bona Dea, suggérant des recoupements entre différents cultes féminins de la religion romaine.
Un héritage durable
Les Matralia témoignent de la capacité de la religion romaine à préserver des traditions très anciennes tout en les adaptant aux évolutions de la société. Les rites apparemment incompréhensibles aux Romains eux-mêmes conservaient la mémoire de croyances très anciennes.
Cette fête révèle aussi l’importance des femmes dans la religion romaine: loin d’être cantonnées aux cultes domestiques, elles avaient leurs propres célébrations publiques, leurs propres temples, leurs propres rituels. Les Matralia constituaient un moment où s’exprimait pleinement la religiosité féminine, avec ses codes, ses exclusions et ses solidarités spécifiques.
Sources antiques
- Cicéron, De Natura Deorum, III, 48
- Festus, De Verborum Significatu, s.v. «Mater Matuta ob bonitatem antiqui appellabant»
- Ovide, Fastes, VI, 469-648
- Plutarque, Vies parallèles, Vie de Camille, 5 ; Questions romaines, 17
- Tertullien, De Monogamia, XVII, 3
- Tite-Live, Ab Urbe Condita, V, 19, 6 ; XXV, 7, 6
Dates
Juin 11, 2025 Toute la journée
202524juinToute la journéeRepeating EventFors Fortuna
Description
Ante diem octavum kalendas Iulias La
Description
Ante diem octavum kalendas Iulias

La Fête de Fors Fortuna était une célébration romaine annuelle en l’honneur de Fortuna, la déesse de la chance et du destin. Cette fête avait lieu le 24 juin et rendait hommage à l’une des divinités les plus vénérées de la religion romaine antique.
Fortuna était une déesse allégorique dont le culte remontait aux premiers temps de Rome. Son nom dérivait du latin « fors », signifiant « sort » ou « hasard », reflétant son rôle de personnification de la chance et du destin imprévisible. Fortuna était souvent représentée aveugle, tenant une roue et une corne d’abondance, symbolisant la nature capricieuse et imprévisible de la fortune. La fête de Fors Fortuna célébrait l’importance de la chance et du destin dans la vie des Romains. Les citoyens rendaient hommage à Fortuna dans l’espoir d’obtenir sa faveur et une bonne fortune pour l’année à venir. Cette fête soulignait l’influence que les Romains attribuaient aux forces du hasard et de la destinée sur leurs vies et leurs entreprises.
Pendant la fête de Fors Fortuna, les Romains organisaient des processions, des sacrifices d’animaux et des banquets en l’honneur de la déesse. Les matrones romaines, en particulier, jouaient un rôle important dans ces célébrations, offrant des prières et des offrandes à Fortuna dans l’espoir d’assurer la prospérité et le bonheur de leur famille. De plus, les Romains consultaient les oracles de Fortuna à Préneste, un site sacré où des tablettes mystérieuses avaient été découvertes et étaient utilisées pour rendre des prophéties. Cette pratique reflétait la croyance romaine selon laquelle Fortuna pouvait révéler les caprices du destin à ceux qui la vénéraient correctement.
Bien que le paganisme romain ait décliné avec l’avènement du christianisme, l’influence de Fortuna a perduré dans la culture occidentale. La notion de « fortune » ou de « chance » reste profondément ancrée dans de nombreuses expressions et croyances populaires modernes, témoignant de l’héritage durable de cette ancienne déesse romaine.
Dates
Juin 24, 2025 Toute la journée
juillet
202505juil10:1310:13Repeating EventPoplifugia
Description
Ante diem tertium Nonas iulias Les Poplifugia, célébrées le 5 juillet dans la Rome antique, est une fête religieuse dont la signification et les origines sont complexes et sujettes
Description
Ante diem tertium Nonas iulias
Les Poplifugia, célébrées le 5 juillet dans la Rome antique, est une fête religieuse dont la signification et les origines sont complexes et sujettes à diverses interprétations. Cette fête commémorait la disparition mystérieuse de Romulus, le fondateur légendaire de Rome, et impliquait des rituels associés à la déesse Junon.
Origines et signification
Selon la tradition, Romulus disparut soudainement lors d’une inspection de ses troupes près du marais de la Chèvre, emporté au ciel dans une violente tempête. Cette disparition fut interprétée comme une apothéose, Romulus étant divinisé sous le nom de Quirinus, devenant ainsi le protecteur des Romains et de leur ville.
Cependant, Tite-Live rapporte une version alternative selon laquelle Romulus aurait été assassiné par les patriciens, et son apothéose aurait été un stratagème politique pour apaiser le peuple. Le récit de l’apparition divine de Romulus à Proculus Julius, où Romulus annonce la destinée glorieuse de Rome, aurait contribué à calmer les esprits et à renforcer la croyance en son immortalité.
Le Poplifugia était célébré en l’honneur de Junon, et souvent confondu avec les Nones Caprotines, une fête dédiée à Junon Caprotina célébrée le 7 juillet. Cette confusion s’explique par la proximité des dates et des thèmes communs liés à la fertilité et à la moisson. Les Nones Caprotines impliquaient des rituels spécifiques aux femmes et des sacrifices de chèvres, symbolisant la purification et la fertilité de la terre.
Le 7 juillet marquait également le début des Consualia d’été, une fête agricole célébrant le début de la moisson, tandis que le 8 juillet était consacré à la Vitulatio, une fête rustique impliquant la capture et l’immolation de veaux, symbolisant la joie et la purification.
Varron considérait le Poplifugia comme une fête des femmes dans tout le Latium, tandis qu’à Rome, elle était particulièrement associée aux servantes, ce qui lui conférait un caractère de réjouissance dissolue. Des interprétations plus nobles l’associent à la dernière lustration de l’armée par Romulus ou à la défaite des Fidénates après l’invasion gauloise, mais ces explications sont d’invention plus récente et de nature archéologique.
En réalité, le Poplifugia, les Nones Caprotines, les Consualia de juillet et la Vitulatio formaient un groupe de fêtes reliées par une idée commune, celle de la fertilité et de la purification de la terre nourricière. Ces célébrations impliquaient des rituels symbolisant la purification, la fertilité et la protection divine, et étaient marquées par des sacrifices, des rassemblements populaires et des batailles symboliques avec des branches de figuier.
Dates
Juillet 5, 2025 10:13 - 10:13
202506juilToute la journée13Repeating EventLudi Apollinares

Description
Pridie Nonas Iulias - Ante diem tertium Idus Iulias Denier frappé par Gaius Calpurnius Piso Frugi
Description
Pridie Nonas Iulias – Ante diem tertium Idus Iulias

Les Ludi Apollinares furent établis en 212 av. J.-C., quelques années après la désastreuse défaite romaine de Cannes face à Hannibal. Leur création répondait à une prophétie contenue dans les Carmina Marciana, un recueil de prédictions récemment découvert à Rome. Cette prophétie, rapportée par Tite-Live et Macrobe, promettait aux Romains la victoire sur leurs ennemis et une prospérité renouvelée s’ils instituaient des jeux annuels en l’honneur d’Apollon.
Initialement célébrés le 13 juillet et ne durant qu’une journée, les Ludi Apollinares ont progressivement gagné en importance et en durée. Au fil du temps, ils se sont étendus sur plusieurs jours. À partir de 190 av. J.-C., ils duraient au moins trois jours (du 11 au 13 juillet). Dans les anciens calendriers, ils occupaient huit jours (du 6 au 13 juillet). Dans le calendrier de Filocalus, ils s’étendaient sur neuf jours (du 3 au 13 juillet). Les Ludi Apollinares comportaient diverses activités. Les premiers jeux se déroulaient dans le Cirque Maxime et incluaient des courses (ludi circenses). Dès 169 av. J.-C., des représentations théâtrales furent ajoutées au programme (ludi scaenici). Par exemple, cette année-là, une tragédie d’Ennius fut jouée pendant les jeux. À la fin de la République, des chasses (venationes) furent également intégrées aux célébrations. Les décemvirs offraient des sacrifices selon les rites grecs, conformément aux instructions de la prophétie.
Les Ludi Apollinares revêtaient une grande importance à la fois religieuse et politique. Ils étaient présidés par le préteur chargé de rendre la justice à toutes les classes du peuple, soulignant ainsi leur caractère unificateur. Le financement était assuré en partie par l’État et en partie par des contributions privées, renforçant l’implication de toute la communauté. Sous l’Empire, ces jeux conservèrent leur prestige et leur éclat, témoignant de leur importance durable dans la vie religieuse et sociale romaine.
Les Ludi Apollinares, nés dans un contexte de crise, sont devenus une célébration majeure du calendrier romain, mêlant aspects religieux, politiques et ludiques. Leur évolution au fil des siècles reflète les changements de la société romaine tout en maintenant leur signification fondamentale de dévotion à Apollon et d’unité civique.
Dates
Juillet 6, 2025 - juillet 13, 2025 (Toute la journée)
202507juilToute la journéeRepeating EventNonae Caprotinae
Description
Nonis Iuliis Figure de Junon avec cornes de chèvres, Latium, 500-480 av. J.C. (Altes
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Nonis Iuliis

Dans le foisonnant calendrier religieux de la Rome antique, une fête se distingue par son caractère singulier: les Nones Caprotines. Célébrée chaque année le 7 juillet, cette festivité en l’honneur de Junon Caprotine revêtait une importance particulière pour les femmes romaines, qu’elles soient nobles ou esclaves.
L’origine de cette fête remonte à une légende mettant en scène une esclave nommée Philotis (ou aussi Tutula), dont l’ingéniosité aurait sauvé Rome d’une défaite certaine. Selon le récit de Plutarque dans ses «Vies parallèles» et de Macrobe dans ses «Saturnales», alors que la cité était menacée par des ennemis exigeant des otages féminins, Philotis proposa un stratagème audacieux. Elle suggéra que des esclaves, déguisées en matrones, soient envoyées à leur place. Une fois dans le camp ennemi, ces femmes enivrèrent leurs ravisseurs et, profitant de leur sommeil, donnèrent le signal de l’attaque aux Romains en agitant une torche depuis un figuier sauvage. Cette ruse permit aux soldats romains de surprendre leurs adversaires et de remporter la victoire.
En reconnaissance de cet acte héroïque, le Sénat romain décréta que les esclaves ayant participé à cette action seraient affranchies et autorisées à porter l’habit des matrones. De plus, une fête annuelle fut instituée pour commémorer cet événement: les Nones Caprotines.
Le déroulement de cette célébration était tout aussi inhabituel que son origine. Le jour des Nones Caprotines, les femmes romaines, toutes classes confondues, quittaient la ville en procession. Elles criaient des prénoms, imitant la confusion qui avait régné lors de l’attaque nocturne. Les servantes, vêtues comme des femmes libres, interpellaient les passants avec des plaisanteries osées, brouillant temporairement les distinctions sociales.
L’un des moments forts de la fête était la simulation joyeuse d’un combat, au cours duquel les participantes se lançaient des pierres. Cette reconstitution ludique de la bataille légendaire était suivie d’un banquet rassemblant femmes libres et esclaves autour d’un figuier sauvage, symbole de l’arbre utilisé par Philotis. C’est là qu’elles offraient un sacrifice à Junon Caprotine, utilisant le lait et une branche du figuier.
Le nom même de la fête, «Caprotines», dérive du terme latin caprificus, désignant le figuier sauvage. Ce lien étymologique renforce la connexion entre le mythe fondateur et le culte de Junon Caprotine, associée à la fertilité et à la protection des femmes.
La position des Nones Caprotines dans le calendrier romain est elle-même exceptionnelle. C’est en effet la seule fête fixée un jour des Nones, ce qui lui confère un statut particulier dans le cycle religieux romain. Cette singularité a parfois conduit à des confusions avec d’autres célébrations, notamment les Poplifugia, qui commémoraient la disparition mystérieuse de Romulus. Plutarque, par exemple, fusionne les deux événements dans ses écrits, tandis que Varron les distingue clairement sans en préciser les dates.
Malgré les changements sociaux et religieux qui ont marqué l’histoire de Rome, les Nones Caprotines ont perduré pendant des siècles. Des mentions de cette fête apparaissent encore dans des textes du 4e et du 5e siècle, alors même que le christianisme s’imposait progressivement comme religion dominante. Ausone les cite dans son «Églogue 23», et Macrobe les décrit dans ses «Saturnales». Le calendrier de Polemius Silvius, daté d’environ 448, les mentionne également.
En savoir plus
- Cette fête romaine n’a aucun sens (Nones Caprotines), sur la chaine Youtube Le Stryge.
- Article Nones Caprotines sur Wikipedia.
Dates
Juillet 7, 2025 Toute la journée
202515juilToute la journéeRepeating EventTransvectio equitum
Description
Idibus Iuliis La transvectio
Description
Idibus Iuliis

La transvectio equitum, une parade annuelle des chevaliers romains à Rome, est instituée en l’honneur des Dioscures à la fin du IVe siècle av. J.-C. Cette cérémonie, profondément ancrée dans les traditions militaires et religieuses de la Rome antique, subit des transformations significatives au fil des siècles, particulièrement sous l’Empire romain.
La transvectio equitum se déroule chaque année le 15 juillet. Les jeunes chevaliers, ou iuvenes equites, vêtus de la toga trabea (ornée de bandes pourpres), se rassemblent devant le temple de Mars, situé le long de la Via Appia, à environ deux kilomètres de la Porta Capena. Ce temple, dédié le 1er juin 368 av. J.-C. par le duumvir Titus Quinctius après la guerre gauloise, sert de point de départ à la parade. Les censeurs, responsables de la revue des chevaliers (recognitio equitum), inspectent les participants avant de guider la procession à travers Rome. Le parcours suit la Via Appia jusqu’à la Porta Capena, puis se dirige vers le Capitole, avec un arrêt devant le temple des Dioscures sur le Forum Romain pour offrir un sacrifice en l’honneur des divinités protectrices des cavaliers.
L’origine de cette cérémonie remonte à la bataille du lac Regille en 499 av. J.-C., où les Romains, confrontés à une coalition de Latins, voient apparaître deux cavaliers extraordinaires, identifiés plus tard comme les Dioscures Castor et Pollux. Ces derniers, montés sur des chevaux blancs et vêtus de la trabea de pourpre, interviennent pour semer la confusion parmi les ennemis et assurent ainsi la victoire des Romains. En reconnaissance de cette intervention divine, un temple est dédié aux Dioscures en 484 av. J.-C. près de la fontaine de Giuturna.
En 230 av. J.-C., le censeur Quintus Fabius Maximus Verrucosus modifie le point de départ de la procession, la faisant démarrer du temple de Virtus et Honos près de la Porta Capena, tout en maintenant sa proximité avec le temple de Mars.
Après plusieurs décennies d’oubli, la parade est rétablie par Auguste. Ce dernier, selon Suétone, réinstaure la marche solennelle au Capitole, supprimant la tradition où un accusateur pouvait faire descendre un chevalier de son cheval. Il permet aussi aux chevaliers âgés ou mutilés de faire marcher leur cheval dans le rang tout en répondant à pied s’ils sont cités. Sous le règne d’Auguste, les chevaliers sont divisés en six escadrons (turmae), chacun dirigé par un sevir turmae equitum Romanorum, une charge honorifique occupée par des figures telles que Caius et Lucius César, et plus tard par Hadrien en 94 après J.-C. Le parcours de la parade est modifié pour inclure une halte devant le temple de Mars Vengeur sur le forum d’Auguste, tout en conservant l’arrivée traditionnelle au Capitole.
Dionysios d’Halicarnasse décrit cette procession comme un spectacle grandiose. Les chevaliers, ornés de couronnes de branches d’olivier et portant leurs décorations de bataille, défilent sur leurs chevaux depuis le temple de Mars à l’extérieur de la ville, traversant le Forum Romain jusqu’au temple des Dioscures, en nombre pouvant atteindre jusqu’à cinq mille.
Dates
Juillet 15, 2025 Toute la journée
Les membres collectifs de l'association (congregationes sociae):


