Le nouvel an de Jules

On retrouve sur cette lampe à huile de la fin du 1er siècle des vœux de bonheur inscrits dans le bouclier rond à gauche et tous les symboles du Nouvel An romain (Photo: Carole Raddato).

Pourquoi l’année commence-t-elle le 1er janvier? La réponse tient à une réforme menée tambour battant par Jules César.

À la fin de la République, le calendrier romain est devenu un véritable casse-tête. Héritier d’une organisation très ancienne, fondée à l’origine sur dix mois seulement*, puis enrichie et remaniée au fil des siècles, il repose désormais sur des mois lunaires et des intercalations décidées par les pontifes. Ce système, censé concilier le cycle de la lune et l’année solaire, peine à rester en phase avec les saisons. Les équinoxes dérivent, les mois glissent, et le temps civil ne correspond plus vraiment ni au rythme de la nature ni aux besoins de l’État.

En 46 avant notre ère, Jules César entreprend de remettre de l’ordre dans cette mécanique déréglée. Conseillé par l’astronome Sosigène d’Alexandrie, il met en place un calendrier solaire fondé sur une année de 365 jours, complétée par un jour intercalaire tous les quatre ans: le principe de l’année bissextile. Pour permettre cette transition, l’année 46 avant notre ère est exceptionnellement allongée: avec 445 jours, elle sert à réaligner le temps civil sur le cycle solaire avant l’entrée en vigueur du nouveau système, le 1er janvier 45 avant notre ère.

Ce choix du 1er janvier comme début de l’année ne constitue toutefois pas une invention radicale. Depuis 153 avant notre ère, l’année consulaire –celle qui rythme la vie politique romaine– commence déjà à cette date, afin de permettre aux magistrats de prendre plus tôt leurs fonctions. La réforme césarienne ne crée donc pas le 1er janvier : elle le fixe durablement dans un calendrier désormais régulier et prévisible.

Cette date n’est pas neutre sur le plan symbolique. Le mois de janvier est placé sous la protection de Janus, dieu des seuils, des passages et des commencements, tourné à la fois vers le passé et vers l’avenir. Le 1er janvier se prête ainsi naturellement aux vœux et aux gestes propitiatoires. À Rome, on échange des étrennes (strenae) pour souhaiter bonheur et prospérité à l’année qui s’ouvre –une pratique dont l’écho résonne encore dans nos traditions modernes.

Certaines inscriptions et formules de vœux antiques conservent la trace de cette attention portée au temps nouveau. On y lit parfois la formule rituelle:

ANNUM NOVUM FAUSTUM FELICEM
(une nouvelle année heureuse et favorable)

* Nos mois de septembre (septième), octobre (huitième), novembre (neuvième) et décembre (dixième) ont gardé la trace de leur ancien rang. Quant à janvier, c’est le mois de Janus!

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