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202505juil10:1310:13Repeating EventPoplifugiaType:Fête romaine
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Ante diem tertium Nonas iulias EN BREF. Cette fête qui porte le nom de «fuite du peuple» intrigue les historiens. Les Poplifugia du 5 juillet mélangent légendes
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Ante diem tertium Nonas iulias
EN BREF. Cette fête qui porte le nom de «fuite du peuple» intrigue les historiens. Les Poplifugia du 5 juillet mélangent légendes contradictoires: mort de Romulus dans un orage, panique après l’invasion gauloise, déroute militaire face aux Étrusques ou aux peuples voisins, rites de fertilité pour Junon. Le mystère demeure intact.

Les Poplifugia ou la mémoire d’une fuite collective
Les Poplifugia (également Populifugia), célébrées le 5 juillet dans la Rome antique, constituent une fête religieuse dont les origines et la signification font l’objet d’explications contradictoires chez les auteurs antiques. Cette fête commémorait la disparition mystérieuse de Romulus, le fondateur légendaire de Rome, et impliquait des rituels associés à la déesse Junon. Elle s’inscrivait dans un cycle de fêtes estivales.
La proximité des dates explique les confusions fréquentes dans les sources anciennes. Les Poplifugia proprement dites ont lieu le 5 juillet, les Nones Caprotines le 7 juillet (dédiées à Junon Caprotina), et la Vitulatio le 8 juillet. Cette proximité temporelle fait que la date donnée à Poplifugia par certains témoignages varie du 5 au 8 juillet dans les calendriers et chez les auteurs.
Explications contradictoires des auteurs antiques
Les sources antiques proposent plusieurs origines incompatibles pour les Poplifugia :
Varron propose une explication historique liée aux invasions: «Le jour des Poplifugia semble avoir été ainsi nommé parce que ce jour-là le peuple prit soudainement la fuite à cause d’un tumulte: en effet, peu de temps après le départ des Gaulois de la ville, les peuples qui se trouvaient alors près de la ville, comme les Ficulates et les Fidénates et d’autres voisins, conspirèrent contre nous. Plusieurs traces de cette fuite apparaissent dans les rites sacrés de ce jour» (De lingua latina, VI, 18).
Macrobe rapporte une version totalement différente transmise par Piso, qui implique les Étrusques et non les peuples du Latium: «Le lendemain des Nones de juillet, après un succès militaire, alors que la veille le peuple avait été mis en fuite par les Étrusques -d’où le nom de Populifugia– après la victoire, on célèbre la vitulatio avec des sacrifices déterminés» (Saturnales, III, 2, 14).
Une troisième tradition, rapportée par Tite-Live mais sans lien explicite avec les Poplifugia, associe le marais de la Chèvre à la disparition de Romulus: «un jour qu’il assistait à une assemblée, dans un lieu voisin du marais de la Chèvre, pour procéder au recensement de l’armée, survint tout à coup un orage, accompagné d’éclats de tonnerre, et le roi, enveloppé d’une vapeur épaisse, fut soustrait à tous les regards» (Histoire romaine, I, 16, 1).
Les tensions politiques autour de Romulus
Le récit de Tite-Live révèle les tensions politiques de l’époque. L’historien note que Romulus «fut plus cher au peuple qu’au sénat» (Histoire romaine, I, 15, 8) et rapporte des soupçons d’assassinat: «Je suppose qu’il ne manqua pas alors de gens qui accusèrent tout bas les sénateurs d’avoir déchiré Romulus de leurs propres mains; le bruit même s’en répandit, mais n’acquit jamais beaucoup de consistance» (Histoire romaine, I, 16, 4).
Pour apaiser ces tensions, le récit de l’apparition divine de Romulus à Proculus Julius présente une prophétie sur la destinée de Rome: «Va, dit-il, annoncer à tes concitoyens que cette ville que j’ai fondée, ma Rome, sera la reine du monde; telle est la volonté du ciel. Que les Romains se livrent donc tout entiers à la science de la guerre; qu’ils sachent, et après eux leurs descendants, que nulle puissance humaine ne pourra résister aux armes de Rome» (Histoire romaine, I, 16, 6-7). Tite-Live observe avec ironie: «Il est étonnant qu’on ait si facilement ajouté foi à un pareil discours, et aussi combien la certitude de l’immortalité de Romulus adoucit les regrets du peuple et de l’armée» (Histoire romaine, I, 16, 8).
Varron établit une connexion entre les Poplifugia du 5 juillet et les Nones Caprotines du 7 juillet: «Les Nones Caprotines, parce que ce jour-là dans le Latium les femmes sacrifient à Junon Caprotina et le font sous un figuier sauvage; elles utilisent une branche de figuier sauvage» (De lingua latina, VI, 18).
Les interprétations modernes
Face à ces contradictions, les historiens modernes ont tenté diverses synthèses. Le Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines (DAGR) propose que les Poplifugia, les Nones Caprotines, les Consualia de juillet et la Vitulatio formaient un ensemble de célébrations liées à la fertilité et à la purification de la terre nourricière, sous l’égide de Juno Caprotina.
Cette interprétation s’appuie sur des éléments symboliques récurrents: la chèvre immolée en sacrifice, l’arbre caprificus sous lequel les femmes se réunissaient, et les rituels de purification. Un document d’Iguvium éclaire certaines pratiques: lors de la moisson, les habitants chassaient une troupe de veaux comme des ennemis, pour les capturer ensuite et les immoler, en signe de joie et de lustration.
Cependant, le DAGR reconnaît que d’autres explications proposées (commémoration de la dernière lustration de l’armée par Romulus, souvenir de la défaite des Fidénates) sont «d’invention assez récente et de subtilité tout archéologique».
La persistance d’une fête populaire
Malgré l’obscurité de ses origines, la fête perdura jusqu’au déclin du paganisme. Selon le DAGR, elle survécut «parce qu’elle était une réjouissance populaire», même si son caractère rustique se modifia au cours des siècles. Les premiers apologistes chrétiens dénoncèrent d’ailleurs la licence de ces célébrations qui se perpétuaient encore sous leurs yeux.
Sources antiques
- MACROBE, Saturnales, III, 2, 14.
- TITE-LIVE, Histoire romaine, I, 15, 8 ; I, 16, 1.4.6-8.
- VARRON, De lingua latina, VI, 18.
Études modernes
- Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines (DAGR) de Daremberg et Saglio, s.v. «Poplifugia».
Dates
Juillet 5, 2025 10:13 - 10:13