Cet événement se répètemars 24, 2025
202424marsToute la journéeRepeating EventHilariaType:Fête romaine
Description
Ante diem septimum Kalendas Apriles
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Ante diem septimum Kalendas Apriles

EN BREF. Les Hilaria, célébrées le 25 mars dans la Rome antique, marquaient le jour où la lumière l’emportait enfin sur les ténèbres après l’équinoxe. Cette fête en l’honneur de Cybèle suivait des jours de deuil commémorant la mort d’Attis, son amant. L’atmosphère changeait radicalement : processions solennelles, mascarades et déguisements remplaçaient la tristesse. Particularité rare : chacun pouvait imiter qui il voulait, même les magistrats, créant un moment de liberté exceptionnelle dans la société romaine.
Les Hilaria: quand Rome célébrait le triomphe de la lumière
Les Hilaria constituaient une fête importante du calendrier religieux romain. Ce terme, dérivé du latin hilaris («joyeux») et de l’adjectif grec hilaros (ἱλαρός, «gai», «joyeux»), désignait littéralement «les [jours] joyeux». Cette fête était célébrée le 25 mars, soit le septième jour avant les calendes d’avril, correspondant au premier jour après l’équinoxe de printemps où la durée du jour dépassait celle de la nuit.
À l’origine, selon Maxime le Confesseur dans ses commentaires sur les épîtres de Denys l’Aréopagite, le terme «hilaria» pouvait désigner n’importe quelle période de réjouissance, qu’elle soit privée ou publique. Parmi les occasions privées, on comptait les mariages ou les naissances d’enfants. Dans la sphère publique, il s’agissait des jours de réjouissances proclamés par un nouvel empereur.
Les Romains empruntèrent cette fête aux Grecs, qui l’appelaient Anabasis (Ἀνάβασις, «Ascension»). La veille, ils observaient un jour de deuil nommé Katabasis (Κατάβασις, «Descente»). Plus tard, les auteurs grecs adoptèrent à leur tour le terme latin, comme en témoigne Photios de Constantinople dans sa «Bibliothèque», où il cite la vie du philosophe Isidore d’Alexandrie mentionnant les Hilaria.
Le culte de Cybèle à Rome
Les Hilaria étaient dédiées à Cybèle, la Magna Mater (Grande Mère), une divinité d’origine phrygienne introduite à Rome à la fin du IIIe siècle avant notre ère. Selon les sources historiques, son culte était établi dans le Temple de la Magna Mater sur le Palatin.
Cette déesse, vénérée depuis le Néolithique en Anatolie, particulièrement à Pessinonte et Pergame, était associée à Attis, dieu de la végétation. Ensemble, ils symbolisaient le renouveau printanier et le cycle de la vie. L’Histoire Auguste, recueil biographique des empereurs romains, distingue cette célébration en l’appelant spécifiquement Hilaria Matris Deûm (les Hilaria de la Mère des Dieux).
Le cycle cérémoniel
Les Hilaria s’inscrivaient dans une séquence rituelle plus large honorant Cybèle et Attis. Salluste, philosophe du IVe siècle, en décrit ainsi la structure fondamentale dans son traité Sur les dieux et le monde:
«Et d’abord nous-mêmes, étant tombés du ciel et vivant avec la nymphe, sommes dans l’abattement, et nous nous abstenons de grain et de toute nourriture riche ou impure, car elles sont hostiles à l’âme. Puis vient la coupe de l’arbre et le jeûne, comme si nous coupions aussi le processus ultérieur de génération. Ensuite, l’alimentation avec du lait, comme si nous étions nés de nouveau; puis viennent les réjouissances et les guirlandes, et pour ainsi dire, un retour vers les Dieux.»
Ce cycle cérémoniel, documenté dans la Chronographie de 354, se déroulait comme suit:
- 15 mars – Canna intrat («La canne entre»). Début d’une période d’abstinence de neuf jours. Selon Arnobe dans son Contre les païens, seul le lait était permis comme boisson.
- 22 mars – Arbor intrat («L’arbre entre»). Un pin était coupé et installé dans le temple de Cybèle. Arnobe précise: «Le tronc de l’arbre était enveloppé de laine et décoré de couronnes de violettes, la Mère ornant de fleurs précoces le pin témoignant de la triste infortune.»
- 23 mars – Jour de deuil.
- 24 mars – Dies sanguinis («Jour du sang»). Journée de rites frénétiques incluant flagellations et mortifications. Arnobe décrit les fidèles entrant «dans un état de deuil, se blessant les bras et la poitrine ».
- 25 mars – Hilaria («Jour de joie»). Célébration de la résurrection d’Attis.
- 26 mars – Requietio («Repos»).
- 27 mars – Lavatio («Lavage»). Rite ajouté par l’empereur Marc Aurèle.
- 28 mars – Initium Caiani. Possible cérémonie au sanctuaire du Vatican.
Le déroulement des Hilaria
Pour les Romains, les Hilaria étaient célébrées comme une feria stativa (fête à jour fixe) et marquaient symboliquement la fin de l’hiver et de son obscurité. Comme l’indique Hérodien dans son Histoire de l’Empire romain après Marc-Aurèle, la fête comportait une procession solennelle où l’on portait la statue de Cybèle, précédée des «œuvres d’art les plus coûteuses appartenant soit aux riches Romains, soit aux empereurs eux-mêmes».
Valerius Maximus mentionne dans ses Faits et dits mémorables que des jeux étaient organisés en l’honneur de la Mère des dieux pendant la République, mais les détails de ces célébrations restent limités pour cette période.
Sous l’Empire, la journée était caractérisée par une liberté inhabituelle. Hérodien précise: «Toutes sortes de jeux et de divertissements étaient autorisés ce jour-là; les mascarades étaient les plus importantes, et chacun pouvait, dans son déguisement, imiter qui il voulait, même les magistrats.»
Pendant les Hilaria, aucune manifestation de tristesse ou de deuil n’était tolérée. Des sacrifices publics étaient accomplis et la population entière se livrait aux réjouissances.

L’épisode de Maternus
Hérodien rapporte un incident notable survenu lors des Hilaria sous le règne de l’empereur Commode (180-192). Un certain Maternus prépara un complot pour assassiner l’empereur durant les festivités:
«Maternus prévoyait de se déguiser avec ses partisans en membres de la garde prétorienne, et de se mêler aux véritables gardes jusqu’à ce qu’ils soient assez proches pour tuer Commode. Cependant, l’un des partisans de Maternus révéla le complot à l’avance, le trahissant parce que ses hommes préféraient un empereur légitime à un tyran voleur.»
Le jour des Hilaria, Maternus fut décapité et ses complices punis. Les citoyens célébrèrent la sécurité de l’empereur, et Commode offrit des sacrifices à Cybèle pour l’avoir protégé.
Signification religieuse
Il existait également une Hilaria dans le culte d’Isis et Osiris. Selon le Calendrier de Philocalus de 354, elle était célébrée le 3 novembre, dernier jour des fêtes isiaques, commémorant la renaissance d’Osiris.
Les rituels des Hilaria et des jours précédents reflétaient le mythe de Cybèle et Attis. La séquence du deuil suivi de réjouissances symbolisait le cycle de mort et de résurrection d’Attis, représentant le renouveau printanier. Cette alternance entre tristesse profonde et joie intense incarnait la compréhension romaine des cycles naturels et cosmiques.
La date du 25 mars, premier jour après l’équinoxe de printemps où le jour l’emportait sur la nuit, marquait symboliquement la victoire de la lumière sur les ténèbres, de la vie sur la mort, illustrant parfaitement le message central de cette célébration: le triomphe du renouveau sur la mort hivernale.
Sources antiques
- ARNOBE, Adversus Nationes (Contre les païens), V, 16-17 (IIIe-IVe siècle apr. J.-C.).
- HÉRODIEN, Historia tēs meta Markon basileias (Histoire de l’Empire romain après Marc-Aurèle), I, 10, 5-7 (IIIe siècle apr. J.-C.).
- Historia Augusta (Histoire Auguste), « Alexander Severus », 37, 6 (IVe siècle apr. J.-C.).
- MAXIME LE CONFESSEUR, Scholia ad Dionysium Areopagitam, Ep. 8 (VIIe siècle apr. J.-C.).
- PHOTIOS, Bibliotheca (Bibliothèque), codex sur la vie d’Isidore d’Alexandrie (IXe siècle apr. J.-C.).
- SALLUSTIUS, De diis et mundo (Sur les dieux et le monde), IV (IVe siècle apr. J.-C.).
- VALERIUS MAXIMUS, Factorum et Dictorum Memorabilium (Faits et dits mémorables), II, 4, 3 (Ier siècle apr. J.-C.).
Dates
mars 24, 2024 Toute la journée